Biodiversité, savoir traditionnel et huiles essentielles

En Avril 2018 c’est une vingtaine de professeurs et de docteurs en médecine qui a publié un « Consensus d’experts destiné aux professionnels de santé exerçant en milieux de soins (hospitalier ou médico-social) ». Ils ont confirmé les résultats cliniques plus d’une dizaine d’années d’expérimentation scientifique et aboutit à des recommandations pour la promotion des huiles essentielles.

Les huiles essentielles sont des concentrés de plante, ce qui les rend plus puissant proportionnellement et faciles d’utilisation. Ces plantes qui soignent proviennent de la nature et sont certainement une illustration majeure de l’importance immédiate de la protection de la biodiversité.

Tout au début des années 2000 j’ai étudié certaines des plantes médicinales les plus utilisées par les communautés autochtones de Madagascar. Il s’agissait de chercher à voir si on pouvait passer de l’utilisation des feuilles et écorces à celle des huiles essentielles qu’elle pourraient contenir. Les résultats ont été époustouflants. Les propriétés trouvent maintenant des applications pour la santé humaine mais aussi dans la production animale. Les recherches se poursuivent et chaque année de nouvelles applications des extraites de ces plantes sauvages apparaissent.

Les plantes les plus puissantes nous ont aussi démontré une incroyable variabilité de composition chimique au sein d’une même espèce. La diversité biologique c’est la diversité des espèces mais aussi la diversité génétique et de types au sein d’une même espèce.

Alors qu’en 2018 les scientifiques démontraient l’importance cruciale des extraits de plantes – dont de nombreux originaires de Madagascar – pour l’avenir des soins hospitalier et médico-sociaux, la grande île a battu des records de déforestation. 510.000 hectares de forêts partis en fumée en une année, des millions de plantes utiles à l’homme, pour ne pas dire indispensable. Extrême pauvreté, mauvaise gestion et manque de motivation pour le développement durable en sont la cause.

Des expériences concrètes de valorisation des plantes médicinales par leur transformation locale en huiles essentielles et produits de soins montrent cependant qu’il est possible d’inverser les tendances.

Il faut remettre le nord et le sud en contact, que les matières premières soient payées à leur juste prix. La convention sur la diversité biologique demande maintenant officiellement qu’il y ait partage des avantages avec les communautés autochtones. Ce n’est pas simple à mettre en œuvre mais c’est possible. L’engagement de tous est indispensable, il en va de l’avenir des forêts, des peuples locaux qui en tirent une majorité de leurs ressources mais aussi de l’humanité.

Olivier Behra, représentant du peuple Betsimisaraka pour le forum 2023